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Les décisions de la colonisation apres 1871

Après la reddition d'Abd el-Kader, et l'étouffement des derniers points de résistance en Grande Kabylie, la résistance s'était essoufflée. Cela ne signifie pas que la position de la France ait été très claire. Les motifs qui avaient conduit à la prise d'Alger ne relevaient que de considérations à très court terme. La question de savoir quoi faire de l'Algérie se posa assez rapidement. On songea d'abord à remettre le pays entre les mains du Pacha d'Égypte, allié de la France, puis il fut question de le restituer directement à la Porte ottomane, en échange de certains bénéfices qui auraient été acquis au détriment de l'Angleterre. L'option de la colonisation ne vint qu'ensuite, mais pour devenir alors la carte maîtresse de la politique de colonisation de l'Afrique qu'allait mener la France dans la seconde moitié du XIXe siècle.

 

Jusqu'en 1870, l'Algérie n'était restée essentiellement qu'un territoire militaire, dont l'administration chaotiques reflétait l'indécision qui régnait en France sur le statut du pays. Elle fut régie d'abord par des généraux en chef : Bourmont, Clauzel, Berthezène, Savary, Voirol (1830-34); puis par des gouverneurs : d'Erlon, Clauzel, Damrémont, Valée, Bugeaud, Cavaignac, Changarnier, Charon, d'Hautpoul, le maréchal Randon; ensuite par un ministre de l'Algérie et des colonies, Pierre-Napoléon (1858), prosper de Chasseloup - laubat, (1859);enfin, après 1861, par un gouvernement général : le maréchal Pelissier, le maréchal Mac-Mahon, le général Chanzy.

 

Les principales mesures de colonisation ont été la création de centres européens et la concession gratuite de terres. Un arrêté du gouverneur général du 18 avril 1841 des ordonnances des 21 juillet et  9 décembre 1845 ,avaient établi le système des concessions sous condition suspensive, le concessionnaire ne pouvant, à peine de déchéance, hypothéquer les biens concédés provisoirement et les transmettre à des tiers qu'avec l'autorisation de l'administration. Un décret du 26 avril 1851 modifia ce système et y substitua celui des concessions sous condition résolutoire. Cette modification n'ayant pas produit les résultats attendus, un décret du 25 juillet 1860 décida que la vente à prix fixe ou aux enchères publiques, ou même de gré à gré dans certains cas, serait dorénavant la règle pour l'aliénation des terres domaniales. Les concessions furent supprimées par le décret du 31 décembre 1864. Le nouveau régime de colonisation rendait nécessaire I'allotissement préalable des terres à vendre et le décret de 1860 avait déjà ordonné que la fixation de périmètres de colonisation précéderait la distribution des terres domaniales.

 

Après l'insurrection de 1871, plus de six cent mille hectares de terres étant entrés dans le domaine de l'État par suite d'appositions de séquestre, des mesures nouvelles furent prises pour la création de centres et la distribution des terres (Décrets des 10 octobre 1872 et 15 juillet 1874). Les lois des 21 juin 1871, 15 septembre 1871 et le décret du 16 octobre 1871 ont concédé des terres aux AIsaciens-Lorrains et leur ont fourni des ressources pécuniaires pour l'installation.

 

De 1871 à 1881, la superficie des terres concédées aux immigrants et aux colons a été de 457 120 hectares; la valeur de ces terres s'élève à 41 589 923 F. Les dépenses d'installation des colons sont évaluées à 14 939 135 F. 7339 familles, comprenant 27981 personnes, résidaient, au 31 décembre 1881, sur ces concessions. Il y a 7764 concessions de lots de villages; 1241 de lots de fermes et 1175 de lots industriels (terres impropres à la culture). A cetteépoque, la population européenne de l'Algérie comprend des Français, plus nombreux à eux seuls que le reste de la population d'origine européenne. Ils sont colons pour la plupart, ont émigré surtout de la France méridionale, du bassin de la Garonne, et de l'Alsace-Lorraine. Les Espagnols (Andalous, Murciens, Valenciens, Catalans, Baléares) sont maraîchers, alfatiers,bûcherons, défricheurs, et sont très répandus dans le département d'Oran. Les Italiens se sont fixés de préférence, ainsi que les Maltais, dans le département de Constantine. On compte en Algérie quelques milliers de Suisses et d'Allemands dispersés dans tout le Tell.

 

Voici le mode de groupement des Arabes : une réunion de tentes abritant plus ou moins de familles est un douar, sorte de grande commune; l'ensemble de plusieurs douars constitue une ferka, administrée par un cheikh. Un certain nombre de ferkas composent la tribu, à la tête de laquelle est un caïd. Les tribus se groupent en aghaliks, ayant pour chef un agha. A partir de 1881, un code de l'indigénat, très défavorable aux musulmans est promulgué. Il réduit notamment le droit de circulation, et définit un statut fiscal alourdi.

 

Leterritoire algérien se partage à l'époque en trois départements, à savoir :

 

  1. 1° Le département d'Oran, chef-lieu Oran. Sous-préfectures : Mascara, Mostaganem. Sidi-bel-Abbes      et Tlemcen.
  2. Le département d'Alger, chef-lieu Alger, capitale de toute la colonie. Sous préfectures : Mécléa, Miliana, Orléansville (el-Asnam) et Tizi-0uzou.
  3. Le département de Constantine, chef-lieu Constantine. Sous-préfectures Bône, Bougie, Gulema, Philippeville (Skikda), Sétif. Chaque
    département se partage en un territoire civil, dont l'administration est absolument la même que celle qui existe pour les départements de la France, et en un territoire militaire, administré par un commandant, et par les bureaux arabes. On distingue en Algérie, trois sortes de communes :
  4.  Les communes de plein exercice, qui n'existent qu'en territoire civil et sont administrées par un maire assisté d'un conseil municipal;
  5.  Les communes mixtes, dont les unes sont en territoire civil et les autres en territoire militaire; elles comprennent une faible population européenne et une population indigène prédominante. Elles sont administrées par I'autorité militaire; les communes indigènes, formées de tribus dans lesquelles l'élément européen n'a pas encore pénétré. Elles sont administrées par des commissions mi-partie indigènes et mi-partie européennes fonctionnant sous la surveillance de
    généraux de brigade. Ces communes indigènes sont toutes en territoire militaire.

                                                                        Pierre Montagnon, Histoire d(Algerie



12/07/2012
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