Jerjer

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Grotte de l'ours , Djurdjura , Algérie

 

Nous notons qu'à l'intérieur de la grotte, la température de l'air est de 11°. Nulle part nous ne relevons un indice quelconque d'une activité hydrologique actuelle. De légers suintements sur les parois de la salle terminale ont réalisé quelques dépôts calcaires, notamment sur les débris rocheux amassés dans son centre, peuve que l'effondrement qui a dû se produire est déjà fort ancien.

   

L'absence d'eau, ses dimensions restreintes, le manque total de difficultés qu'elle présente, font que cette grotte décevrait très cer­tainement l'hydrologue ou lesportif. Nous n'en aurions sans doute pas parlé si elle ne présentait pas, par contre, un indéniable intérêt paléontologique.

 

Au cours de la première exploration, alors que nous progres­sons en rampant, dans la galerie sans issue, située à l'Ouest de la première salle, nous y trouvons des ossements et notamment des dents.

Retenue jusqu'à présent par la recherche de la voie, notre attention se portemaintenant sur cette découverte. Nous remar­quons alors que le sol de la première salle est jonché d'ossements les plus divers. Nous en trouvons dans les moindres recoins. Il suffit de gratter le sol, terreux et légèrement
humide, pour en faire apparaître de nouveaux.

 

Abondance plus grande encore dans les deuxième et troisième salles. Le puits terminal, l'interstice existant sous les débris de la voûte effondrée, les points les plus bas, en général, se révèlent comme
étant particulièrement riches.

 

 Le sol des deux dernières salles est formé d'un limon argilo-calcaire, très pâteux, d'une belle teinte rouge. Il constitue une véritable brèche ossifère. Par endroits il renferme de petits filons d'une matière noire visqueuse semblable à du cirage

 

.Nous nous trouvons donc dans un véritable repaire de bêtes sauvages, sans doute très ancien.

 

 Nous remarquons que la roche qui sert de seuil entre le couloir d'entrée et la première salle présente en son milieu un creux poli comme on en trouve sur les marches de certains vieux esca­liers. Il faut y voir l'usure occasionnée depuis des temps reculés par le passage répété des habitants de cette caverne.

 

  Dans la deuxième salle, nous trouvons, amoncelés en deux tas identiques, des excréments récents. Ils indiquent que cette cavité est encore l'habitat de quelque animal (chacal, hyène ?). Nous nous expliquons alors pourquoi nous n'avons trouvé à l'entrée de la grotte aucune trace des nombreux troupeaux et bergers qui fréquentent la région.

     
 Nous avons rapporté des ossements de singes (animaux encore très répandus dans la contrée), un crâne qui semble être celui d'un mouflon (espèce disparue depuis moins d'un siècle), des osse­ments divers non encore identifiés.


Une fouille a été entreprise à l'entrée de la dernière salle (extré­mité Ouest). Après avoir soulevé quelques blocs rocheux et sous une couche de limon rouge de 30 centimètres environ, nous avons exhumé un crâne de grande taille. L'identification en a été faite par la Sta­tion de Recherches
Forestières d'Alger. Il s'agit d'un crâne d'Ursus arctos  (ours brun). Cette découverte ne fait que
confirmer celles précédemment faites par M. C. Arambourg, sous la conduite de M. de Peyerimhoff, dans différentes cavités du Djurdjura                              

 

                                                                                  J Troullieur

                                                                                                

 in Bulletin de la Société d’Histoire Nationale de l'Afrique du Nord, 1927, page 196.

 



14/07/2012
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